La mesure et la maîtrise des aberrations de l’œil est au cœur du quotidien des optométristes. Cependant, de même que notre vision est altérée par les aberrations de nos yeux, la manière dont un praticien peut voir le fond d’œil est limitée par les aberrations, qui empêchent de visualiser les plus petits détails structurels de la rétine.
Depuis plus de 15 ans, l’emploi de la mesure de surface d’onde se développe non seulement pour mesurer les aberrations oculaires, mais aussi pour les compenser. Cette approche nommée Optique Adaptative (OA), et issue de l’astrophysique, permet d’améliorer la résolution des instruments d’imagerie de la rétine, pour atteindre un niveau de détails sans précédent : l’échelle cellulaire.
Durant cette présentation, nous verrons comment l’OA permet d’imager des structures jusqu’à présent inaccessibles in-vivo, telles que les cônes photorécepteurs, et donc de les quantifier. Nous montrerons aussi que par rapport aux examens oculaires conventionnels, ce niveau de détail permet d’évaluer plus rapidement la progression des atteintes rétiniennes ainsi que, potentiellement, l’efficacité de nouvelles thérapies régénératives.

Depuis l’invention de l’ophtalmoscope en 1850 par Helmholtz, le domaine de l’imagerie de la rétine a connu encore une grande avancée en 1991 avec l’invention de la tomographie par cohérence optique (optical coherence tomography, OCT) par James Fujimoto au MIT. Cette technique interférométrique a introduit pour la première fois dans l’histoire de l’imagerie de l’œil la possibilité d'observer les couches cellulaires de la rétine en coupe virtuelle en profondeur de manière non invasive. Depuis cette date l'OCT a continuellement évolué et son champ d'application ne cesse de se développer au point d'être devenu l'examen de première intention dans le domaine des maladies rétiniennes. Cette conférence présentera la technologie OCT, son application à l’imagerie de l’œil en pratique clinique, et les innovations récentes de cette technique.

Cette présentation expose les principes et résultats obtenus grâce à l’utilisation d’une nouvelle méthode pour l’étude du front d’onde oculaire. Cette méthode repose sur une distinction stricte entre les erreurs de front d’onde de bas et de haut degré, et l’obtention d’une nouvelle base de polynômes orthonormés pour la description des aberrations de haut degré. Dans cette nouvelle base, les modes de haut degré radial ne contiennent pas de termes de bas degré. Cette approche pallie certains défauts de la base de Zernike pour la reconstruction du front d’onde oculaire, dans laquelle des termes d’erreur de phase de bas degré (tilt, défocus) sont présents au sein des modes de haut degré (coma, aberration sphérique, astigmatisme secondaire). Cette méthode permet d’éviter certains artéfacts de décomposition, de mieux prédire la réfraction subjective à partir du recueil du front d’onde, ou comprendre les effets des variations de l’asphéricité cornéenne sur les aberrations de sphéricité. Ces avantages permettent de concevoir des solutions de corrections personnalisées ou multifocales plus pertinentes en optique clinique.

Les défauts optiques de l’oeil ne peuvent pas tous être corrigés en lunettes. Par exemple, chez les sujets kératoconiques, de nombreux défauts subsistent une fois la sphère et le cylindre corrigés : ce sont les aberrations d’ordre supérieur. Leur impact sur la vision a été (et est toujours) très étudié.

Ces aberrations n’ont pas que des inconvénients : elles permettent aussi d’augmenter la profondeur de champ, et sont donc fréquemment utilisées dans les optiques multifocales.

L’Optique Adaptative (OA) a d’abord été développée afin d’aider les astronomes à dépasser les limites de résolution d’image dues aux turbulences thermiques dans l’atmosphère. Depuis, l’OA a été appliquée avec succès à de nombreuses techniques en santé oculaire et recherches dans le domaine de la vision dont l’imagerie rétinienne et les mesures fonctionnelles.

Un système d’OA rudimentaire permet de mesurer l’erreur du front d’onde, d’en extraire les termes correspondant aux aberrations d’ordre supérieur (polynômes de Zernike), et un moyen (tel qu’un miroir déformable) de correction du front d’onde.

La technique est particulièrement utile pour améliorer l’image rétinienne au SLO et à l’OCT, permettant ainsi de visualiser la mosaïque de photorécepteurs.

L’OA trouve une autre application dans l’étude de l’accommodation, notamment l’origine des réponses au flou rétinien en vision de près.

Cette conférence fournira à l’optométriste une vue globale des principes de l’OA ainsi qu’un bilan de ses applications cliniques et scientifiques.