La capacité à lire un texte est le fruit d'années d'apprentissage au cours desquelles on acquiert les connaissances langagières essentielles à la reconnaissance des mots et à la compréhension des phrases. La lecture est néanmoins en premier lieu une activité visuo-motrice, par laquelle les yeux se déplacent le long des lignes de texte, et sans laquelle l'extraction des lettres et des mots qui composent un texte serait rendue difficile, voir impossible. Lors de mon exposé, je ferai le bilan de quarante années de recherches révélant que cette activité est principalement régie par des principes oculomoteurs universaux. Ces principes, aussi à l'œuvre lorsqu'on lit un texte dépourvu de sens, ou bien encore lorsque l'on explore notre environnement visuel pour le plaisir ou pour y chercher nos clefs, reflètent les propriétés des systèmes visuel et oculomoteur, et en particulier les mécanismes neuronaux impliqués dans la programmation des saccades oculaires. Ils reposent sur l'extraction rapide de signaux de contraste de luminance et leur intégration spatiale au sein des cartes oculomotrices. Ainsi, comme le confirme notre récent modèle de la lecture, même un analphabète pourrait, à la lueur d'un oculomètre, prétendre qu'il sait lire !

Nous passons de plus de temps en vision de près que ce soit sur un ordinateur, un smartphone, ou à l’école. La lecture reste une activité prédominante, durant les phases où nous utilisons notre vision de près, ce qui représente plusieurs heures par jour. Notre système visuel doit assurer une bonne performance visuelle afin de ne pas éprouver de difficultés.

L‘apprentissage de la lecture commence dès le plus jeune âge et se concrétise vraiment à partir du CP. C’est un apprentissage complexe qui fait appel à différentes fonctions cognitives, à la culture du pays, à des fonctions oculomotrices, etc.

L’efficacité lors de la lecture dépend donc en partie des performances visuelles et de l’oculomotricité.

De nombreuses personnes, adultes ou enfants, se plaignent de difficultés lors de la lecture comme par exemple, le saut de mot(s) ou de lignes, la répétition de mot(s) ou de ligne(s), l’embrouillement, difficultés à se repérer dans le texte, etc. Les mouvements oculaires et notamment les saccades oculaires sont très souvent en cause.

Le praticien qui souhaite évaluer l’efficacité à la lecture doit contrôler un ensemble de paramètres et doit disposer de plusieurs tests optométriques. Certains tests vont évaluer la vitesse de lecture, d’autres tests permettront de tester les saccades oculaires indispensables pour permettre un balayage efficace du texte. Nous allons nous intéresser à l’évaluation des saccades oculaires grâce à l’utilisation de tests normés comme le NSUCO et le DEM test. Comment utiliser ces tests ? A qui s’adressent-ils ? Comment les interpréter ? Quelles informations nous donnent-ils ?

Chez les enfants présentant des difficultés de lecture, on retrouve souvent les symptômes suivants : l’enfant utilise son doigt pour suivre la ligne, oublie des mots ou saute des lignes lors de la lecture, inverse les lettres dans les mots. On considère souvent la lecture comme un processus simplement phonologique. Pourtant, plusieurs étapes visuelles sont indispensables en amont, pour qu’ensuite, le processus de lecture puisse devenir efficace et fluide. Le rôle de l’optométriste dans le gain en efficacité et en performances visuelles, en lien avec la lecture, est pertinent au sein d’une approche pluridisciplinaire. Cet atelier s’intéressera aux troubles de lecture qui peuvent être liés à des dysfonctions visuelles. Nous discuterons des outils à notre disposition pour évaluer ces connexions, ainsi que des différentes prises en charge possibles.