Eric Matheron nous présentera une revue de la littérature sur la relation entre le système visuel et le système stomatognathique (autrement appelé appareil manducateur). Les troubles posturaux d’origines dentaires sont décrits depuis les années 1950, et suggèrent une collaboration nécessaire des services d’ophtalmologie et de ceux de stomatologie (les soins de la bouche, de la mâchoire et de la face) pour certains troubles d’origines posturaux.

Cette communication résume plusieurs publications qui visent à évaluer le rôle des afférences cutanées plantaires dans le contrôle postural et oculomoteur en manipulant l’extéroception plantaire à l’aide de stimulations mécaniques plantaires fines. La 1ère étude a montré que des éléments médio-plantaires fins externes (EME) et surtout internes (EMI) améliorent la stabilité orthostatique et postériorisent le CPP de sujets jeunes et sains lors de mouvements des yeux. Ils ont aussi une action spécifique sur la vergence (pas sur les saccades) : les EMI augmentent l’amplitude phasique de divergence et diminuent la partie tonique, autrement dit agissent surtout sur la composante pré-programmée du mouvement ; alors que les EME agissent sur la convergence en augmentant son amplitude tonique, composante contrôlée sous influence de la rétroaction visuelle. Les inserts influent de manière directe sur le contrôle postural et oculomoteur par des voies spécifiques et indépendantes. La 2ème étude explique la variabilité des réponses des sujets de la 1ère. Nous avons mesuré leur degré d’utilisation des afférences extéroceptives plantaires par la méthode du Quotient Plantaire (QP = Surface CPP mousse / Surface CPP sol dur X 100). Un QP<100 suggère une Inefficience des Afférences Plantaires (IAP) : les sujets IAP ne présentent plus d’amélioration de leur stabilité ni aucune modification de la vergence avec les inserts plantaires. Nous proposons que cette situation soit non physiologique et relève d’un dysfonctionnement non douloureux latent des récepteurs plantaires, opposant les sujets IAP aux sujets ayant un QP normal. La 3ème étude a révélé l’influence de l’extéroception plantaire sur la perception de la Verticale Visuelle Subjective (VVS) sur la même population. Elle a montré une diminution de l’erreur vers la gauche de près chez les sujets au QP normal avec un EME droit, ainsi qu’une diminution de l’erreur absolue de loin chez les sujets IAP avec un EMI bilatéral. La 4ème étude, sur la même population, a montré qu’un EME bilatéral augmente l’esophorie, uniquement de loin et chez les sujets IAP. L’ensemble de ces travaux consolide au plan théorique l’importance des afférences plantaires aussi bien pour le contrôle orthostatique, le contrôle de la vergence, la perception de la VVS et l’alignement des yeux (phories). Ils démontrent que l’utilisation de ces afférences est variable selon les sujets et ont des implications cliniques pluridisciplinaires.

Nous avons montré des déficits posturaux et visuels chez les enfants avec une dyslexie, hyperactivité et un autisme et nous faisons l’hypothèse que ces troubles peuvent être dus à une anomalie au niveau du cervelet en accord avec les études de Stoodley. En effet nous avons récemment montré (Caldani et al., 2020) que les enfants avec troubles neuro-développementaux montrent un dysfonctionnement du système vestibulo-oculaire que nous savons être en étroite relation avec le système vestibulaire, le système oculaire, le cervelet, et le développement cérébral atypique.

Nous allons décrire des études faites qui montrent un effet bénéfique d’une rééducation visuo-posturale sur contrôle postural et visuel chez ces enfants (dyslexie : Gouleme et al. 2015 ; Caldani et al. soumis; troubles du spectre autistique : Caldani et al. 2020 ; hyperactivité : Moradi et al. 2020), faisant l’hypothèse que cette amélioration se fait probablement grâce à la plasticité cérébelleuse.

Pour dialoguer avec notre environnement, les caractéristiques de notre corps en action sont représentées dans notre cerveau, grâce à un couplage fonctionnel précoce réalisé entre l’environnement perçu, aussi bien physique que social, et l’action engagée. Ces représentations internes nourries par les afférences sensorielles, notamment visuelles et proprioceptives ont été conceptualisées sous le terme de schéma corporel, qui permet la prédiction et l’apprentissage, deux fonctions indispensables au développement d’une motricité efficace et harmonieuse. Cette longue maturation cérébrale est nourrie par une longue période d’apprentissages sensorimoteurs qui repose sur des périodes clés comme la petite enfance, l’enfance, l’adolescence avant de parvenir à la période adulte. Mes études ont pour but de comprendre les liens qui unissent les capacités à anticiper et à apprendre avec la construction des représentations cérébrales au cours du développement typique et atypique.

De nombreux travaux en recherche fondamentale montrent que la vision et le mouvement des yeux sont impliqués dans le contrôle postural, le contrôle de l'activité tonique, de l’équilibre et du mouvement chez l'Homme, tout comme les informations somesthésiques corporelles, c’est à-dire y compris celles provenant des capteurs proprioceptifs, et vestibulaires. De même, ils montrent que ces signaux issus de la somesthésie et de l’oreille interne participent à la mobilisation de l’œil dans l’orbite et à la perception visuelle. C’est dans ce contexte que nous aurons le plaisir d’accueillir les Docteurs Assaiante, Bucci et Foisy, et le Professeur Monaco. Ils nous présenteront : la mise en place du schéma corporel au cours du développement ; les troubles posturaux et du système visuel rencontrés dans certaines pathologies chez les enfants et comment les aider ; et les relations et interactions des afférences plantaires et du système stomatognathique avec la vision / l’oculomotricité.

L’informations émanant des récepteurs sensitifs du nerf trijumeau exercent une influence dans la régulation fine du contrôle postural ainsi que sur la stabilisation du regard. Le fait de modifier une afférence sensorielle d’une part peut détériorer le contrôle postural et la stabilisation du regard, mais également les améliorer. Parce que les informations proprioceptives des muscles de l’œil sont portées par la branche supérieure du nerf trijumeau, il n’est pas surprenant que des modifications orales puissent interférer à l’équilibre oculaire. 

Cet atelier va démontrer par différents cas cliniques l’implication du trijumeau sur l’intégration multi sensorielle œil, bouche et mâchoire sur le contrôle postural et la vision. 

L’objectif de cet atelier sera, à partir de cas concrets de patients ayant un trouble postural examinés en cabinet d’optométrie, d’avoir pour chaque cause possible évoquée et testée, l’explication scientifique à partir de supports théoriques connus concernant les boucles sensorimotrices impliquées dans le contrôle moteur, de faire donc un lien concret avec la pratique en cabinet d’optométrie ou en magasin. Il s’agira de proposer pour des clients / patients qui pourraient présenter, ou non, différents types de symptômes non spécifiques plus ou moins marqués, des applications immédiates à partir de tests simples effectués par l’optométriste, d’évoquer l’ergonomie visuelle dans le domaine de la posturologie, le confort et la prévention – ceci pourrait définir l’ « opto posturologie »  

Au cours de ce webinar, nous étudierons les différents capteurs proprioceptifs, et nous vous présenterons 4 tests reproductibles de posturo-dynamique applicables en magasin. Enfin, Lionel vous présentera quelques études de cas. 


Le Syndrome de Déficience Posturale (Martins da Cunha – 1979) est une dysesthésie particulière touchant la sensibilité proprioceptive générale et les informations rétino-trigéminées, le nerf trijumeau étant porteur des informations proprioceptives des muscles oculomoteurs. Par définition, il provoque un tableau clinique subjectif et objectif associant obligatoirement et à des degrés divers 3 caractéristiques :

1. une altération de l'équilibre tonique oculaire, stomatognatique et postural, responsable d’une posture corporelle stéréotypée, associant à des degrés divers une projection antérieure du bassin ou de la tête dans le plan sagittal, une attitude scoliotique dans le plan frontal et une rotation dans le plan transverse alors même que le patient a le sentiment d’être symétrique dans chacun de ces plans. L’asymétrie tonique est accompagnée d’une modification de la biomécanique musculaire et des réflexes posturaux,

2. une perturbation de la localisation spatiale des informations sensorielles provenant de l’espace environnant,

3. des troubles perceptifs apparaissant au niveau de l’intégration multisensorielle avec apparition de phénomènes de pseudo-négligences lorsque plusieurs modalités sensorielles sont stimulées en même temps.

Il en résulte un ensemble hétérogène de signes cliniques, très variable d’un patient à l’autre et chez le même patient au cours du temps.

Ce syndrome est fréquent chez les patients douloureux chroniques et certains vertigineux. Il est constamment présent chez les enfants dyslexiques chez lesquels nos travaux de recherche (INSERM-U1093 Cognition, Action et Plasticité Sensorimotrice) ont permis de mettre en évidence des interférences entre audition et vision qui sont présentes dans certaines conditions de vision binoculaire et peuvent être supprimées par des actions ciblées sur la proprioception oculaire via le nerf trijumeau. Il s’agit d’un nouveau champ d’action qui s’ouvre pour tous les thérapeutes de la vision.


Après une présentation théorique sur le mode d’installation des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) et sur leurs causes multifactorielles, 3 volets d’action seront proposés pour agir contre l’installation de ces TMS


Un volet ergonomique

Présentation de situations de travail observées lors des formations réalisées avec Kiné France Prévention en insistant sur l’influence de la posture sur les TMS et l’amélioration des troubles liés aux modifications ergonomiques apportées.


Un volet gestes et posture

Gestuelle adaptée au travail = prophylaxie rachidienne


Un volet écoute corporelle

Cette partie pratique aura pour but de sensibiliser les participants au ressenti corporel et leur donner des outils de régulation par l’expérimentation de mouvements de la méthode :

«REVEIL CORPOREL le dialogue du corps»

Réveil articulaire = je pose des questions à mon corps, il me répond

Réveil musculaire = je régule les tensions

Pour cet atelier, il s’agira :

1) De présenter/rappeler brièvement le contrôle de l’équilibre, de la posture et du mouvement où la vision et l’oculomotricité participent pleinement.

2) De montrer des modifications immédiates de la répartition tonique posturale en modifiant/stimulant des afférences utiles au SNC.

3) De faire un bref historique de la posturologie.

4) De réaliser une synthèse de travaux expérimentaux montrant l’impact des phories verticales - i.e. hétérophories verticales (HV) minimes et orthophories (OV), sur le contrôle moteur.

5) De proposer une investigation clinique, via les phories verticales et le test de Maddox « modifié », utilisée dans le cadre de la prise en charge de pathologies chroniques non spécifiques et de la prévention.

Il s’agira de montrer comment, à l’aide d’un prisme de faible puissance – 1 dioptrie –, soit en déviant de façon minime l’image sur la rétine, il est possible d’observer un gain immédiat sur la mobilité rachidienne et articulaire périphérique lorsque celle-ci est initialement asymétrique d’un côté par rapport à l’autre. Cette asymétrie est fréquemment retrouvée par exemple lors de l’examen au moins au niveau cervical et lombaire en rotation, notamment en cas de cervicalgie ou lombalgie chroniques non spécifiques et la comorbidité associée connue (e.g. céphalées, acouphènes, sensation d’instabilité, douleurs abdominales, arthralgies périphériques/pathologies tendino-musculaires…). Aussi, cette intervention visera à discuter ces résultats observés, notamment à partir des boucles sensorimotrices requises dans le contrôle des mouvements, de la posture et de l’équilibre. Il s’agira d’évoquer leurs significations, les interprétations possibles, les conclusions, la conduite à tenir dans la prise en charge de ces personnes, d’envisager les limites et les perspectives.

Il est aujourd’hui bien établi que les informations visuelles jouent un rôle essentiel pour le maintien de l’équilibre postural. Pour s’en rendre compte, il suffit de se tenir debout et de fermer les yeux. L’absence d’entrée visuelle se traduit alors, chez la plupart des sujets, par une augmentation notable de l’instabilité posturale. Depuis les travaux fondateurs de Romberg (1840), les nombreuses études réalisées dans ce domaine ont permis de mieux décrire les interactions entre la vision et de contrôle de la posture. Cependant, même si cette relation est mieux comprise, elle demeure complexe et difficilement prédictible. L’objectif de la conférence est donc de montrer la particularité et la complexité de ces interactions visuo-posturales, notamment dans un contexte où, à l’instar de la vie quotidienne, le sujet ne doit pas uniquement contrôler la stabilité de son corps dans l’espace mais aussi réaliser une autre tâche, cognitive par exemple.